vendredi 30 septembre 2016

Quand les mauvais gestionnaires se permettent de donner des leçons...




Parmi les multiples procès en illégitimité intentés à la gauche, subsiste l’idée qu’elle serait mauvaise gestionnaire et que ses penchants dispendieux ne pourraient conduire qu’à la ruine du pays.

Dès son élection au printemps 2012, le président de la République François Hollande n’a pas échappé à cette accusation vieille comme la droite. Et pourtant !

Les finances publiques n’ont pas connu de nouvelle descente aux enfers durant ces quatre dernières années. Elles ont au contraire été redressées avec constance. Tout comme les chars russes n’avaient pas envahi la place de la Concorde, comme certains à droite le prédisaient en 1981, pour effrayer l’électeur.

A quelques mois du terme de ce quinquennat, la comparaison des bilans de la majorité et de celle qui l’a précédée fait sens.

Quel était l’héritage ? Un déficit annuel des comptes publics de 5,2 % du Produit intérieur brut (PIB) pour 2011, dernière année pleine du quinquennat de Nicolas Sarkozy, dont le Premier ministre s’appelait François Fillon et les principaux ministres Alain Juppé, Bruno Lemaire, Nathalie Kosciusko-Morizet… Ce niveau exceptionnellement élevé, en dehors de tous les chiffres observés dans le passé, faisait suite à un record inouï, tristement atteint en 2009 : 7,2 % ! François Fillon, qui avait estimé en 2007 se trouver à la tête d’un « Etat en faillite » (faut-il rappeler que la droite venait de se succéder à elle-même lors des élections présidentielle et législatives ?), a donc précipité les choses pour que la banqueroute arrive encore plus vite.

En 2012, il devenait urgent de réorienter la trajectoire budgétaire de la France, pour éviter aux Français les affres du recours au Fonds monétaire international (FMI) et aux mécanismes d’intervention de l’Union européenne, dont chacun sait le prix qu’il a représenté et représente toujours pour nos voisins Grecs, Espagnols ou Portugais.

Cet effort indispensable pour redresser le pays, nous l’avons engagé avec sérieux, constance et détermination, dès le vote du projet de loi de finances rectificatif en juillet 2012, sous les quolibets de la droite qui n'a pas hésité à oser nous reprocher de ne pas résorber assez vite les déficits qu'elle avait elle-même creusés ! 

Nous ne l'avons pas fait par plaisir, mais par sens de l’Etat et de l’intérêt supérieur du pays. Nous avons choisi de mener ce travail d’assainissement difficile à un rythme qui permette, dans le même temps, d’éviter la récession et de créer les conditions d’une reprise (rappelons que la croissance était nulle en France lorsque nous avons été élus), d’éviter l’austérité subie par nos voisins en difficulté, de préserver notre modèle social, de financer les priorités sur lesquelles nous nous étions engagés : éducation, solidarité, sécurité.

Les résultats, même s'il semble que personne ne s'en rende compte, sont au rendez-vous. Pour la première fois depuis quarante ans, notre majorité sera celle qui aura chaque année proposé des hypothèses budgétaires fiables, les aura respectées au-delà de l’objectif initial et aura réduit tous les ans le niveau du déficit : 4,8 % pour 2012 ; 4,1 % pour 2013 ; 3,9 % pour 2014 ; 3,5 % pour 2015. Tous les indicateurs d’exécution de la loi de finances permettent d’affirmer que l’objectif de 3,3 % pour 2016 sera lui aussi tenu. Pour 2017, nous voterons d’ici la fin du mois de décembre un projet de loi de finances prévoyant 2,7 %, enfin sur la barre des 3 %. Voilà pour le bilan de ce quinquennat.

Quant à l’avenir ? Je souhaite alerter mes compatriotes sur les velléités de tous ceux qui, à droite veulent concourir à l’élection présidentielle, de s’affranchir de cette exigence de sérieux budgétaire. La perspective d’un creusement temporaire des déficits publics en cas de victoire à l’élection présidentielle est ainsi plus ou moins assumée (en tout cas bien réelle), par tous les candidats à la primaire de la droite, le scénario le plus honnête étant celui avancé par François Fillon qui indique clairement espérer, en cas de victoire, « contenir » cette hausse à 4,7 % du PIB, compte-tenu de toutes les promesses faites.

Cette nouvelle prise de distance avec les règles les plus basiques de bonne gestion, après le quinquennat terrible 2007-2012, a même conduit le président de la Commission des finances de l’Assemblée nationale Gilles Carrez -qui, comme le veut le règlement, appartient à l’opposition et siège donc sous l’étiquette « Les Républicains »- à adresser une note à ses collègues les mettant en garde contre leur manque de crédibilité budgétaire. Il y précise notamment que la surenchère démagogique, à l’œuvre dans les propositions des concurrents à la primaire de la droite, impliquerait une remise en question de tout notre système, en passant par le report de l’âge légal de départ à la retraite, jusqu’à la remise en cause des prestations de santé.

La gauche serait-elle vouée à accéder aux responsabilités seulement quand la situation est désespérée, seulement pour rattraper les errements de la droite, avant de lui laisser de nouveau la place pour qu’elle recommence ? Personnellement, je ne puis m’y résoudre. Et je m’efforce d’en convaincre, même si j'ai conscience d'écrire ici ce que -malheureusement- personne ne semble préoccupé de placer dans le débat public.

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