jeudi 9 mars 2017

Va-t-on un jour regarder enfin de près le programme de Marine Le Pen ?




Je n’ai jamais fait partie de ceux qui considèrent qu’il soit satisfaisant intellectuellement et efficace politiquement de combattre le Front national en affichant du mépris envers ses électeurs.

Peut-être parce que je vis au milieu d'eux, je ne réduis pas au rang d’abominables racistes les femmes et les hommes qui décident -un jour ou plus durablement- de porter leur voix sur le parti de la famille Le Pen.

Je ne les prends pas de haut, en leur prêtant un comportement « au ras les pâquerettes ».

Pour moi, ces citoyens, comme une grande majorité de Français, sont pour la plupart en recherche d’une offre politique leur apparaissant davantage en phase avec leurs attentes, quand les acteurs traditionnels de la vie publique leur semblent déconnectés de leurs préoccupations quotidiennes, trop affairés à résoudre leurs batailles d’appareil ou leurs démêlés avec la justice.

Face à cette représentation caricaturale qui prend malheureusement chaque jour plus d’ampleur, le Front national parvient à donner l’image d’un possible renouveau, alors qu’il s’agit sans doute de la formation la plus condamnable pour ses pratiques, la plus nuisible pour son projet, la plus dangereuse pour la démocratie.

Parce que j’aime mon pays, parce que je veux le meilleur pour ses habitants, je ne puis me résoudre à accepter la progression constante de cette imposture empoisonnée qu’est le Front national.

J’invite donc tous ceux qui sont tentés par l’expérience frontiste -et je sais qu’ils sont nombreux- à prendre connaissance du contenu précis du programme de Marine Le Pen, dont elle a enfin détaillé récemment « 144 engagements ».

Je ne m’attarderai pas sur l’absurdité financière de ce projet, qui n’affiche pas l’ombre d’un début de piste pour expliquer comment seront concrétisées les mesures tout aussi coûteuses qu’extravagantes qui fleurissent à chaque page. Demain on rase gratis est un refrain traditionnel des campagnes électorales et l’extrême droite n’est malheureusement pas la seule à verser dans ce travers, même si elle pousse le bouchon encore plus loin que tous les autres.

Dans le même esprit, je laisse de côté les formules les plus vagues, qui font toujours plaisir à lire, auxquelles on ne peut que souscrire, mais qui s’apparentent davantage à des lapalissades qu’à des propositions innovantes et concrètes. Là encore, la méthode n’est pas inédite et j’ai toujours eu du mal à comprendre comment les électeurs pouvaient se satisfaire de déclarations d’intentions de ce type.

Ce qui me frappe le plus, c’est l’absence de scrupule à balayer l’héritage de deux siècles de construction démocratique. Avec le projet de Marine Le Pen, c'est clairement l’indépendance de la fonction publique, de la justice, de la presse, qui sont mises en cause. Au nom de quoi le peuple français pourrait-il l’accepter ? 

Quant aux propositions économiques, leur mise en oeuvre condamnerait la France à l’isolement, à l’anéantissement de son rayonnement et de son influence sur la scène internationale et européenne. Elles dévasteraient le pouvoir d’achat des classes populaires et des classes moyennes.

Je déplore que personne ne semble aujourd’hui décidé à mettre ces sujets-là -les seuls qui comptent véritablement- sur la table, afin que chacun puisse se prononcer en avril, mai et juin, en toute connaissance de cause.

Il est encore temps. Après, il sera trop tard pour pleurer.

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